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Recrutement d'une chercheuse ou d'un chercheur postdoc : projet REINVENT (date limite de candidature : 15/11/2024)
du 24 octobre 2024 au 15 novembre 2024
Post-doctorat (36 mois) en Science & Technology Studies (STS), anthropologie, sociologie ou philosophie : « Réinventer la prothèse : quelles normes et quels imaginaires ? »
Contexte
En plus des défis technologiques (robotiques, biomécaniques et neuroscientifiques) qu’elle soulève, la prothèse de membre supérieur, en tant qu’extension sensori-motrice, pose de nombreuses questions plus générales relatives aux sciences humaines et sociales (SHS) autour de la relation au corps, de l’hybridation corps-technique, des usages et de leurs conséquences sur la vie des utilisatrices et utilisateurs, de l’appropriation, de la réparation ou de la modification corporelle (donc du soin), de l’identité et de l’image du corps pour soi et la société, ainsi que des normes et des injonctions associées.
Malgré les avancées technologiques récentes, le taux d’abandon des prothèses de membre supérieur demeure élevé et les innovations technologiques incrémentales ne semblent pas avoir suffi à « révolutionner » la prothèse ou la relation des personnes amputées avec leurs aides techniques. Ce constat révèle l’existence d’une certaine inadéquation entre les besoins et les usages des personnes amputées et les réponses technologiques jusqu’ici proposées. Pour une majorité de personnes concernées, les prothèses demeurent des dispositifs lourds, rigides, lents, peu contrôlables, peu « sensibles » (offrant peu de retours sensoriels), rarement polyvalents, peu ou pas personnalisables, et difficiles à maîtriser.
L’objectif de ce projet intégré et de la création d’une équipe interdisciplinaire dédiée est de développer un concept innovant de prothèse personnalisable pour les personnes amputées de membre supérieur : une prothèse qui ait un comportement plus proche de celui d’un membre organique, qui soit facile et agréable à porter, plus intuitive à contrôler ; une prothèse qui restaure des sensations et s’intègre au corps ; une prothèse qui, devenue utilisable, efficace et donc utile, n’est plus abandonnée par ses utilisatrices et utilisateurs et qui les valorise. L’hypothèse globale du projet est que la seule manière de répondre aux besoins des utilisatrices et utilisateurs est de « réinventer la prothèse » en proposant un concept (ou un ensemble de concepts) différent(s), en explorant, en même temps, les multiples problématiques évoquées (mécanique, contrôle, perception, apprentissage ainsi que l’intégration corporelle, individuelle et sociale) et en veillant à impliquer les utilisatrices et utilisateurs tout au long du processus de recherche.
Objectifs du post-doctorat
Les recherches de la postdoctorante ou du postdoctorant exploreront les imaginaires, les normes et les standards des différents acteurs et actrices impliqués dans le domaine des aides techniques. Les prothèses, ainsi que les dispositifs technologiques connexes, tels que les orthèses et les exosquelettes, n’existent pas en dehors d’un imaginaire et d’un univers normatif particuliers, qui les modèlent, les façonnent et orientent le champ des possibles. Les concepteurs·rices et les prescripteurs·rices sont autant pris par ces imaginaires qu’ils contribuent à les façonner. Ceux-ci informent ce qu’ils·elles considèrent comme une prothèse « efficace », une « bonne » ou une « belle prothèse, ou encore un « appareillage réussi ». De la même manière, les attentes et les usages des personnes appareillées sont travaillés par leurs propres représentations et cet univers normatif, lesquels peuvent sous-tendre et orienter la façon dont ces dernier·e·s vont percevoir et vivre avec leur(s) prothèse(s).
Ce travail mobilisera une méthodologie de type qualitatif. Par la réalisation d’observations, d’entretiens et d’analyses documentaires, la chercheuse ou le chercheur analysera notamment les normes des professionnel·le·s qui conçoivent, fabriquent ou prescrivent ces dispositifs technologiques, ainsi que celles des personnes qui les utilisent (ou ne les utilisent plus). Concernant les professionnel·le·s de l’appareillage, ils·elles sont souvent des personnes valides qui, s’ils·elles n’utilisent pas eux·elles-mêmes des aides techniques, conçoivent néanmoins ces dispositifs en se basant sur des modèles normatifs voire validistes du handicap, de la rééducation et de l’assistance, sans toujours tenir compte des utilisations réelles et des besoins des personnes concernées. Cette double contrainte peut limiter la connaissance et les choix technologiques pour la création de nouveaux dispositifs prothétiques.
Quels imaginaires des corps appareillés informent les pratiques des professionel·le·s de l’appareillage qui conçoivent, prescrivent ou ajustent les prothèses ? Quels types de normes et d’injonctions génèrent leurs pratiques et ces dispositifs technologiques ? Quels types de prothèses et quelles corporéités appareillées les personnes amputées ayant une approche alternative de l’appareillage (artistes, créateurs·rices, militant·e·s, etc.) permettent-elles d’envisager ? Il est attendu que la chercheuse ou le chercheur adresse (un certain nombre de) ces questions.
Compétences et connaissances recherchées
- Savoirs généraux, théoriques ou disciplinaires : l’approche interdisciplinaire étant un élément central du profil attendu, la candidate ou le candidat aura des connaissances dans un ou plusieurs des domaines suivants : Science and Technology Studies, philosophie, anthropologie ou sociologie des techniques, du corps, du handicap, Disability Studies.
- Savoir-faire opérationnels : La candidate ou le candidat aura une connaissance approfondie des démarches qualitatives. Elle ou il sera en mesure de mener différents terrains d’enquête, de mettre en œuvre des approches méthodologiques de type ethnographique (études exploratoires, entretiens approfondis avec les personnes et publics concernés, participation observante pouvant mobiliser de multiples procédures empiriques, analyse des données de terrain...). Elle ou il prendra part à l’organisation des événements scientifiques de REINVENT. Elle ou il possèdera de solides compétences en communication écrite et orale. La place importante des interactions avec les acteurs·rices de terrain, la réalisation de nombreux entretiens et l’insertion dans une équipe de recherche interdisciplinaire nécessite une appétence pour le travail en équipe et une très bonne maîtrise du français (langue maternelle ou courante). Pour l’anglais, le niveau requis est lu, écrit, parlé.
- Savoir être : participation à la vie intellectuelle du projet REINVENT et du PEPR Robotique organique (O2R) ainsi qu’à la vie du laboratoire S2HEP ; compétences sociales et relationnelles ; capacité à travailler en équipe et en interdisciplinarité ; autonomie ; rigueur ; organisation ; force de proposition.
Conditions :
- Être titulaire d’un doctorat en Epistémologie, histoire des sciences et des techniques (CNU 72), en Anthropologie (CNU 20), en Philosophie (CNU 17) ou en Sociologie (CNU 19) ;
- Avoir une solide expérience des méthodologies qualitatives ;
- Avoir réalisé des travaux de recherche en milieu industriel ou hospitalier ;
- Avoir une bonne connaissance des travaux en Disability Studies, Science and Technology Studies, philosophie, anthropologie ou sociologie des techniques, du handicap, du corps ;
- Avoir un excellent niveau de français à l’écrit et à l’oral ;
- Être capable de lire, parler et écrire l’anglais.
Encadrement et cadre de travail :
La chercheuse ou le chercheur sera accueilli·e au sein du laboratoire Sciences et Sociétés : Historicité, Éducation et Pratiques (S2HEP). Le S2HEP est une unité de recherche de l’Université Claude Bernard Lyon 1 spécialisée en histoire, épistémologie, philosophie et didactique des sciences et des techniques. La chercheuse ou le chercheur sera rattaché·e au thème « Dynamique de construction des savoirs, des pratiques et de l’innovation en sciences, techniques et santé ».
Elle ou il travaillera au sein du projet Réinventer la prothèse, qui est coordonné par Nathanaël Jarrassé (ISIR - CNRS / Sorbonne Université) et qui fait partie du Programme et Equipement Prioritaire de Recherche (PEPR) Robotique Organique (O2R). La chercheuse ou le chercheur participera au lot de travail (work package) 4 « Usages, appropriation, évaluation » et sera encadré·e par Lucie Dalibert, maîtresse de conférences au S2HEP et à la Faculté de médecine Lyon Est.
Conditions matérielles
- Durée du postdoc : 36 mois, temps plein (80% possible), à partir du 6 janvier 2025 ;
- Lieu du postdoc : Lyon, avec déplacements et séjours fréquents à Paris et ailleurs en France, ainsi qu’éventuellement à l’étranger ;
- Conditions d’accueil : la chercheuse ou le chercheur bénéficiera de ressources sur son lieu de travail (un bureau, ressources éditoriales en ligne, consommables de bureau).
- Rémunération : entre 2 320 € et 3150 € bruts mensuels, selon l’expérience.
Candidature
Le dossier de candidature comprendra un CV et une lettre de motivation (2 pages maximum, dans laquelle la candidate ou le candidat expliquera brièvement son parcours, son adéquation avec le poste, le cadre d’analyse envisagé et la méthodologie proposée pour répondre à la question de recherche). Il devra être adressé au plus tard le 15 novembre 2024 à Lucie Dalibert (lucie.dalibert@univ-lyon1.fr).
Calendrier
Octobre 2024 : publication de l’appel à candidature.
15 novembre 2024 : date limite de réception des candidatures.
Début décembre 2024 : entretiens.