Appel à candidatures


Recrutement d'une chercheuse ou d'un chercheur postdoc

du 18 avril 2024 au 13 mai 2024

Post-doctorat (24 mois) en anthropologie et/ou Science & Technology Studies (STS) : Projet Réinventer la prothèse (PI1-REINVENT)

Contexte

La prothèse de membre supérieur constitue une extension sensori-motrice importante car en plus des défis technologiques (robotiques, biomécaniques et neuroscientifiques) qu’elle soulève, elle pose de nombreuses questions plus générales relatives aux sciences humaines et sociales (SHS) autour de la relation au corps, de l’hybridation corps-technique, des usages et de leurs conséquences sur la vie des utilisatrices et utilisateurs, de l’appropriation, de la réparation ou de la modification corporelle (donc du soin), de l’identité et de l’image du corps pour soi et la société, des normes et des injonctions associées, etc.

Malgré les avancées technologiques récentes, le taux d’abandon des prothèses de membre supérieur demeure élevé et les innovations technologiques incrémentales ne semblent pas avoir suffi à révolutionner la prothèse ou la relation des personnes amputées avec leurs aides techniques. Ce constat révèle l’existence d’une certaine inadéquation entre les besoins et les usages des personnes amputées et les réponses technologiques jusqu’ici proposées. Pour une majorité de personnes concernées, les prothèses demeurent des dispositifs lourds, rigides, lents, peu contrôlables, peu « sensibles » (offrant peu de retours sensoriels), rarement polyvalents, peu ou pas personnalisables, et difficiles à maîtriser.

L’objectif de ce projet intégré et de la création d’une équipe interdisciplinaire dédiée est de développer un concept innovant de prothèse personnalisable pour les personnes amputées de membre supérieur : une prothèse qui ait un comportement plus proche de celui d’un membre naturel, qui soit facile et agréable à porter, plus intuitive à contrôler ; une prothèse qui restaure des sensations et s’intègre au corps ; une prothèse qui, devenue utilisable, efficace et donc utile, n’est plus abandonnée par ses utilisatrices et utilisateurs et qui les valorise. L’hypothèse globale du projet est que la seule manière de répondre aux besoins des utilisatrices et utilisateurs est de « réinventer la prothèse » en proposant un concept (ou un ensemble de concepts) différent(s), en explorant, en même temps, les multiples problématiques évoquées (mécanique, contrôle, perception, apprentissage ainsi que l’intégration corporelle, individuelle et sociale) et en veillant à impliquer les utilisatrices et utilisateurs tout au long du processus de recherche.


Objectifs du post-doctorat

Les recherches de la postdoctorante ou du postdoctorant exploreront les expériences sensorielles des personnes amputées, en particulier leurs sensations fantômes. Il s’agira d’étudier, dans une démarche ancrée en anthropologie des sens et du sensible, la recomposition de la corporéité, amputée et/ou appareillée. L’objectif de cette recherche étant aussi de faciliter l’apprentissage de nouvelles associations sensorimotrices par les personnes concernées, cette recherche, qui s’appuiera sur un travail de terrain ethnographique, comprendra un deuxième volet : l’élaboration d’une boîte à outils (composée de moyens d’expression plastiques, tels que le dessin, la peinture, la pâte à modeler, le recours aux onomatopées) dont le but est de faciliter l’expression et la communication  des sensations par les personnes amputées aux ingénieur·e·s et aux chercheur·euses (entre autres).


Compétences recherchées

La personne recrutée aura une connaissance approfondie des démarches qualitatives. Elle sera en mesure de mener différents terrains d’enquête, de mettre en œuvre des approches méthodologiques de type ethnographique (études exploratoires, participation observante pouvant mobiliser de multiples procédures empiriques, entretiens approfondis avec les personnes et publics concernés, qu’il s’agisse de personnes amputées, de chercheurs·euses ou d’ingénieur·e·s). Elle possèdera de solides compétences en communication écrite et orale. L’approche interdisciplinaire étant un élément central du projet, la personne recrutée aura également des connaissances dans un ou plusieurs des domaines suivants : disability studies, science and technology studies, anthropologie du corps, des techniques, méthodologie ethnographique. La place importante des interactions avec les actrices et acteurs de terrain (personnes amputées et appareillées, professionnel·le·s de santé, prothésistes et ingénieur·e·s), lesquel·le·s seront impliqué·e·s dans la construction des analyses, ainsi que la réalisation de nombreux entretiens nécessite une très bonne maîtrise du français (langue maternelle ou courant). Pour l’anglais, le niveau requis est lu, écrit, parlé. Le poste sera à temps plein pendant 24 mois.


Encadrement et cadre de travail 

La chercheuse ou le chercheur sera accueilli·e au sein de l’UR 4148 S2HEP (https://s2hep.univ-lyon1.fr/), thème Dynamique de constructions des savoirs, des pratiques et de l’innovation en sciences, techniques et santé. 

La recherche s'inscrit dans le cadre du projet Projet Réinventer la prothèse (PI1-REINVENT) financé par l'ANR (PEPR Robotique organique [O2R]) et coordonné par Nathanaël Jarrassé (ISIR). Ce projet associe neuf laboratoires : ISIR (Sorbonne Université) ; S2HEP (Univ. Lyon 1)  ; EVS (Univ. Lyon 2) ; CETCOPRA (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne)  ; ISM (Univ. Aix Marseille) ; LS2N (Univ. de Nantes) ; Devah (Univ. de Lorraine) ; INRIA-CNRS-IRISA ; CEA-List. 

La responsable scientifique du projet au sein du S2HEP est Lucie Dalibert. 


Conditions matérielles 

  • Durée du postdoc : 24 mois, temps plein, à partir du 3 juin 2024. 
  • Lieu du postdoc : Lyon, avec déplacements et séjours fréquents principalement en France, notamment à Marseille, Nancy et Paris. 
  • Conditions d’accueil : la chercheuse ou le chercheur bénéficiera de ressources sur son lieu de travail (un bureau, ressources éditoriales en ligne, consommables de bureau). 
  • Rémunération selon l’expérience de la candidate ou du candidat. 


Candidature 

Le dossier de candidature comprendra un CV et une lettre de motivation (2 pages maximum, dans laquelle la candidate ou le candidat expliquera brièvement son parcours, son adéquation avec le poste, le cadre d’analyse envisagé et la méthodologie proposée pour répondre à la question de recherche). Il devra être adressé au plus tard le 13 mai 2024 à Lucie Dalibert (lucie.dalibert@univ-lyon1.fr). 


Calendrier 

Avril 2024 : publication de l’appel à candidature. 

13 mai 2024 : date limite de réception des candidatures. 

Fin mai : entretiens. 

Lieu(x)
Publié le 18 avril 2024